------ Cousinade L'HOSTIS LEON ------

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François Marie L'HOSTIS de l'expédition LA PEROUSE

François Marie L’HOSTIS

Né à Plouguin, le 23 avril 1763, au foyer de Goulven et Claudine GUIDAMOUR, paysans, il est l’avant-dernier d’une fratrie de cinq enfants. Dès l’âge de quinze ans, il se fait embarquer dans la marine royale, en 1781 sur le Sphinx et sur le Désiré en 1784.

Il réside alors rue du Vieil Hôpital à Brest. Il s’est certainement fait remarquer aux manœuvres pour finir par faire partie de l’équipage de choix de La Boussole commandée par Jean François de GALAUD, comte de la Pérouse.

Le rôle d’équipage précise qu’il est recruté à 20 livres et à 22 ans, le 1er août 1785, il quitte le port de Brest à l’aube, à bord de la Boussole aux cris de « Vive le Roi » en compagnie de l’Astrolabe dirigée par le capitaine de vaisseau Paul Antoine FLEURIOT DE LANGLE, 41 ans.

Les deux frégates de 490 tonneaux, armées de 15 canons chacune, longues de 42m (130 pieds) et larges de 8,80m (27 pieds) sont identiques afin de pouvoir éventuellement échanger les gréements.

Au nombre de deux cent vingt-deux en tout, sur ordre du roi Louis XVI, ils sont embarqués pour un voyage de quatre ans autour du monde afin d’achever la cartographie de la planète, ouvrir de nouvelles routes maritimes, collecter plantes et minéraux, planter des graines. Outre les officiers, canonniers, charpentiers, matelots gabiers et timoniers, l’équipage comprend trois chirurgiens, des savants et artistes, deux interprètes et deux aumôniers.

Des vivres pour trois ans, deux cents poules, une vingtaine de cochons, 30 moutons, cinq vaches, 180 000 litres de vin, d’eau sont stockés à bord ainsi que 9 000 hameçons, 50 arbustes et des graines. Les instruments de navigation (les horloges de Berthoud) et d’astronomie ainsi qu’une véritable bibliothèque dont l’Encyclopédie Diderot complètent le chargement. Des biscayennes (petites chaloupes à la rame) sont prévues pour la reconnaissance des baies et des rassades (perles de verre ou d’émail de couleur), des haches, des marteaux, des clous etc… seront échangés avec les indigènes.

Une cucurbite, machine à distiller l’eau par un système d’alambic et un petit moulin à vent pour moudre le grain en sus de la farine s’avèrent indispensables.

Un programme fort précis est défini tout comme le trajet.

Tous les points de rendez-vous étaient fixés à l’avance au cas où les deux navires seraient amenés à se séparer.

Les différentes étapes de ce long périple, dix-huit relatées, nous sont connues grâce aux carnets de bord de Pierre LE GOFF, interprète et commis aux écritures à bord de l’Astrolabe.

Ces carnets, au nombre de quatre ont été retrouvés dans une boîte en fer à Brest. Ils sont parvenus en France par différents moyens, notamment des navires anglais.

Jean François DE LA PEROUSE, lui-même a écrit son journal transmis en octobre 1788 à Versailles, au ministre et secrétaire d’état de la Marine.

 

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PREMIER CARNET – de BREST au CAP HORN Août-Décembre 1785

1 De Brest à Madère, le 13 août 1785.

2 De Madère à Tenerife aux Canaries, le 30 août 1785 où 30 tonneaux de vin sont remplis.

3 Des Canaries à la Trinité au large de l’Amérique du Sud, le 16 octobre 1785, après avoir longé les côtes de l’Afrique.

4 De la Trinité à l’île sainte Catherine au Brésil, le 6 novembre 1785, du courrier y est laissé qui sera envoyé via Lisbonne.

Ils ont décidé de doubler le Cap Horn au mois de janvier, comme l’a conseillé le roi. C’est la saison la plus favorable puisque l’été règne dans l’hémisphère sud.

DEUXIEME CARNET - du CAP HORN aux PHILIPPINES Janvier 1786-Avril 1787

Vers le Cap Horn, janvier 1786, les équipages sont au complet. Une première tempête est essuyée tandis que des baleines les accompagnent durant 2 semaines.

5 Conception du Chili, 23 février 1786, escale d’intendance, du grain, de l’ail, des biscuits, du café sucré avec la mélasse, de la morue fraîche ou salée sont embarqués. Les hommes visitent les cabarets.

6 Ile de Pâques dans l’Océan Pacifique, le 9 avril 1786, ne passent qu’une dizaine d’heures au mouillage car ils sont encerclés par les Indiens mais prennent le temps d’examiner les sols. Ils herborisent et sèment des graines de Bretagne, carottes, maïs et citrouilles.

7 Iles Sandwich ou archipel d’Hawaï, le 29 mai 1786, 2 jours d’escale, reçoivent en don des cochons en échange de médailles et de haches.

Ils font route vers l’Alaska et rencontrent brumes et brouillard. Pour prévenir le scorbut, FLEURIOT DE LANGLE décide d’ajouter de l’infusion de quinquina au grog.

8 Port des Français, Alaska, le 2 juillet 1786. Les frégates repèrent une large baie mais pour y pénétrer doivent se lancer à l’assaut d’une grosse barre de vagues. Alors qu’elles étaient parties poser des sondes dans la baie de Lituya, couper du bois et ravitailler en eau, deux biscayennes font naufrage le 13 juillet 1786 et 21 personnes périssent. L’équipage se livre au troc, donne du fer aux Indiens contre des peaux de loutre.

9 Monterey en Californie, le 14 septembre 1786, la baie est envahie par les baleines. Ravitaillement de bottes de foin et de paille pour les bœufs et moutons nouvellement embarqués. Les horloges de marine sont vérifiées avant la longue traversée.

10 Pacifique octobre 1786, Iles Mariannes, le 14 décembre 1786, archipel désert.

11 Macao, le 2 janvier 1787 jusqu’au 4 février, relâche. Rencontre de Français mais le navire attendu avec le courrier n’est pas arrivé. Les peaux de loutres d’Alaska sont confiées à la vente à un Suédois. Le gouverneur les autorise à installer un observatoire à Macao où les Portugais, confinés dans l’enceinte, effectuent un commerce florissant vers Goa. Six chinois sont embarqués sur chaque navire, en remplacement des camarades perdus en Alaska.

12 Philippines, le 25 février 1787. Escales à Marivelle trois jours puis Cavite où des réparations de gréements des deux frégates sont effectuées. Un mois de prévu, le temps pour recevoir les marchandises avant de repartir vers le Nord. Visite de Manille par les officiers. La chaleur éprouvante cause un décès. Des cochons sont salés ; un navire français La Subtile arrive en escale mais pas de courrier ; par contre il emmènera des lettres et les comptes rendus d’expédition et plusieurs officiers et soldats viennent poursuivre le voyage sur les frégates.

 

TROISIEME CARNET – de la MER du JAPON au KAMTCHATKA Avril-Septembre 1787

Ile de Formose ou Taïwan puis Mer du Japon, seulement dix jours dans le détroit de Corée.

13 Côtes de Tartarie, juin 1787, est de la Sibérie. Les premiers à y naviguer, pour accomplir le but de leur mission, installer la souveraineté de la France sur des terres inconnues.

Baie de Suffren, juin 1787, baptisée ainsi par LA PEROUSE. Pêche de morues qui sont salées. Des médailles et bouteilles avec inscriptions sont enterrées comme de coutume.

Baie appelée de Langle, en juillet 1787, échanges et relations avec les autochtones qui leur affirment l’existence d’un passage au nord.

Baie d’Estaing, 19 juillet 1787, entre le continent et l’île de Sakhaline. 1 200 saumons sont capturés en une heure à coups de bâton. Plus au nord le détroit ne devient plus navigable pour les frégates, seulement pour les pirogues comme les indigènes leur avaient dit. Demi-tour.

Baie de Castries, 28 juillet 1787, vers le sud. Les Orotchys subsistent grâce au saumon, le sol est gelé, l’eau ne dépasse pas 4° et la brume est tenace. Les horloges de navigation sont à nouveau vérifiées.

Canal de Ségalien, août 1787, entre l’île de Ségalien et la côte de Tartarie. Le canal étant obstrué, La Pérouse décide de suivre la côte de l’île et découvre au sud du cap Crillon, le passage entre l’île Sakhaline et l’île d’Hokkaïdo, détroit qui porte désormais son nom.

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14 Saint Pierre et Saint Paul au Kamtchatka, septembre 1787, colonie russe de religion grecque, baie de l’Avatscha dominée par un volcan d’environ 4800m (altitude du Mont Blanc). Une expédition d’ascension, jusqu’au bord du cratère semi-actif, est organisée avec les Cosaques mais les échantillons de laves récoltés sont semblables à ceux de Tenerife.

Une fête en l’honneur du gouverneur fait découvrir les danses du Kamtchatka, les femmes simulant une chasse à l’ours. Le départ est fixé au 29 septembre, après avoir reçu du courrier de France. Le récit de l’expédition et les lettres sont confiés à Barthélémy DE LESSEPS, interprète parlant le russe qui rejoindra Saint Pétersbourg puis Paris dans dix mois environ.

 

QUATRIEME CARNET – du PACIFIQUE SUD à BOTANY BAY Septembre 1787- Février 1788

Océan Pacifique, début novembre 1787, croisent la route aller. Cette longue traversée, dans une chaleur de plus en plus suffocante, est monotone et empreinte d’une grande solitude.

15 Samoa, îles des navigateurs, 8 décembre 1787, île de Maouna, aujourd’hui baie de Tutuila où avant d’appareiller, M. DE LANGLE décide d’aller remplir ses barriques aux cascades sur l’autre partie de l’île. Il part avec deux chaloupes et une soixantaine de personnes mais ils sont lapidés par les Indiens, achevés à coups de pagaies et massues. Douze hommes sont tués dont FLEURIOT DE LANGLE, le 11 décembre 1787. Les chaloupes sont également perdues.

16 Tonga, île des Amis, fin décembre 1787

17 Ile de Norfolk, 17 janvier 1787

18 Australie, Botany Bay, 26 janvier 1788. LA PEROUSE donne ses journaux, sa dernière lettre et le dernier carnet à un marin anglais afin qu'ils soient transmis en Europe. Le père Receveur, physicien et aumônier sur l’Astrolabe est inhumé le 17 février, décédé de ses blessures à Tutuila. L’expédition obtient du bois et de l'eau fraîche et doit repartir à la mi-mars « pour arriver au commencement de décembre 1788 à l'île de France » (Ile Maurice).

Les deux bâtiments périssent à Vanikoro, à l’est des îles Salomon, nord-est de l’Australie.

Une expédition de secours commandée par D'ENTRECASTREUX est envoyée (1791-1794), sans succès. Le mystère de la disparition de LA PEROUSE n'est percé qu’en 1826 par Peter DILLON confirmé en 1828 par Dumont d’Urville, qui retrouvent l’épave de L’Astrolabe à Vanikoro. Enfin, Reece DISCOMBE identifie celle de La Boussole en 1964. Les traces d’un campement à terre, occupé durant plusieurs années, sont également découvertes.

Depuis le début des années 1980, des plongeurs de l'association Salomon organisent des campagnes de fouilles et d'archéologie sous-marine sur les lieux du naufrage, qui ont permis de remonter un grand nombre d'objets ayant appartenu aux membres de l'équipage.

La découverte la plus émouvante a été celle de « l’Inconnu de Vanikoro », inhumé depuis dans l’enceinte du château de Brest. Le 17 juillet 2012, lors des « Tonnerres de Brest », j’étais présente lors du dépôt de gerbes sur la stèle de cet « Inconnu » dont on espère un jour l’identification avec l’A.D.N.

François Marie ne figure pas sur la liste des victimes de la baie de Lituya en Alaska, le 13 juillet 1786, ni sur celle de Tituila dans les îles Samoa, le 11 décembre 1787.

S’est-il noyé ou figurait-il parmi les survivants ?, à l’âge de 25 ans… lors du naufrage.

Il aurait pu faire partie des naufragés ayant survécu, cependant La Boussole où il était embarqué, balayée par l’ouragan, a été pulvérisée par les récifs.

On peut supposer que les marins survivants de l’expédition sont ceux de l’Astrolabe qui a sombré mais sans être projetée.

C’est pour rendre hommage à François Marie, son audace et son courage dans les années 1780 de partir affronter les mers du globe, que j’ai tenu à écrire ce témoignage.

Edith Degroot

 

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               Périple de l'expédition La Pérouse

 

Sources

Humann Sophie, L’incroyable voyage de monsieur de Lapérouse, Illustration d’Emmanuel Cerisier, Gulf Stream Editeur, Nantes, 2007

Lozac’h Alain, Avec Fleuriot de Langle et La Pérouse 1785-1788 carnets de bord des aventures d’un marin breton, 1er trim. 2009.

Renaud Marie-Annick, site du Centre Généalogique du Finistère, Opération La Pérouse.

L’Hostis Norbert, site du Centre Généalogique du Finistère, Opération La Pérouse, 27 avril 2012.

Expédition de La Pérouse : http://fr.wikipedia.org/wiki/Expédition_de_La_Pérouse



07/09/2014
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